La chapelle Saint Léger
Village disparu de Saint-Léger
A 3 kilomètres à l'ouest de la localité de Hirtzbach, une chapelle protégée par un magnifique rideau d'arbres rappelle le souvenir du village disparu de Saint-Léger (Sankt Glückern).
Le nom de Saint-Léger apparaît pour la première fois dans les textes au XIIe siècle, sous la dénomination "S. Lütgeri", dans un nécrologe de Bâle. En 1188, Louis 1er, comte de Ferrette, donne au monastère d’Oelenberg une terre sise à Saint-Léger.
Deux autres mentions, en 1232 et 1354, citent expressément l’existence d’un village, comprenant deux cours domaniales, l’Oberhof appartenant au couvent de l’Oelenberg et le Niederhof, au prieuré de Saint-Ulrich. Les deux cours passèrent aux Jésuites en 1626.
Le village avait une église dont la paroisse est citée dès 1257, date à laquelle l’évêque de Bâle, Berthold de Ferrette, charge le couvent d’Oelenberg d’y assurer le service religieux. En 1354, l’église comprend une nef, un chœur et un clocher.
Le village est déserté en grande partie sans doute après le passage dévastateur des "Engländer", mercenaires désoeuvrés de la Guerre de Cent Ans, en 1376. L’église survécut au désastre et resta le siège d’un vicariat. En 1448, le village est totalement abandonné. Le ban de Saint-Léger devient l’objet de nombreux conflits entre Hirtzbach, Carspach et Altkirch. La légende veut que les trois derniers habitants du village disparus se seraient réfugiés dans ces trois communes. Le finage resta encore un certain temps indivis, avant d’être attribué à Hirtzbach au 18e siècle. L’église avait survécu à la destruction des habitations, mais abandonnée peu à peu, elle tomba en ruines et fut démolie en 1833. Seul subsista le chœur.
Des lieux-dits rappellent encore l’existence de ce village, comme "Sankt Glücker", "Kohlacker", "Glückermatten", "Bergstell" (l’emplacement du château mentionné dans un terrier de l’Oelenberg), "Glückerwald", "Weschenwasen".
La chapelle
Le patron de la paroisse était Saint Léger. Vingt quatre communes du diocèse de Strasbourg ont adopté ce saint comme vocable pour leur église, surtout sous l’influence de l’abbaye de Murbach. Son culte s’est également répandu en Suisse et dans le Brisgau. Né en 616, de noblesse franque, il était sans doute apparenté à la famille des Mérovingiens et peut-être même l’oncle de Sainte Odile. Elevé à la cour de Clothaire II, en Burgondie, il devint rapidement archidiacre de Poitiers et aida son oncle Dido, évêque de cette ville. En 653, il fut nommé abbé de Saint-Maixant et vers 660, devint évêque d’Autun et conseiller de la reine régente de Neustrie. Le Maire du palais de Neustrie, Ebroïn, homme sans scrupule, devint son ennemi déclaré car il l’empêchait de réaliser ses visées sur l’Austrasie. Ebroïn, pour se débarrasser de Saint Léger, le fit assassiner en 678 après lui avoir fait crever les yeux. Ebroïn mourra lui-même assassiné deux ans plus tard.
A côté du chœur, vestige de l’église Saint-Léger, Hesso Antoine de Reinach, alors maire de Hirtzbach, fit ériger en 1865 une stèle à la mémoire des habitants de village disparu. On pouvait y lire les inscriptions suivantes : « A la mémoire des habitants de l’ancienne commune de Saint-Léger qui reposent en ce lieu » – « Arrêtez-vous, pieux passants et priez pour eux » - « Demeurez en paix » - « Ce monument a été érigé par M. le Maire de la commune de Hirtzbach, 2 octobre 1865 ».
Des fouilles effectuées à ce moment-là avaient permis la découverte de quatre tombes aux dimensions inhabituelles et d’une fosse commune, à l’ouest de la chapelle, ainsi que des tuiles et poteries romaines au sud.
Durant la guerre de 1914-18, le petit sanctuaire se trouva sur la ligne de feu et servit d’observatoire. Il devint le point de mire de l’artillerie et fut détruit.
Grâce à l’action des membres du conseil municipal et du maire M. Munzenberger, la chapelle a été entièrement restaurée et ré inaugurée le 23 septembre 1979.
Depuis lors, la chapelle fait l’objet de soins attentifs et d’entretiens réguliers destinés à lui permettre de résister au temps qui passe, inexorablement…