La chapelle Sainte-Afre
Historique
Au Moyen-Age, le village de Hirtzbach comprenait deux parties distinctes ayant chacune sa paroisse : Hirtzbach-le-Haut, sur la "Montagne", avec l'église-mère Sainte-Afre et le bas du village autour de l'église Saint-Maurice.
Citée dès 1303, puis en 1441, l'église Sainte-Afre subsista comme paroisse jusqu'à la Révolution. Certains documents paroissiaux tels que les actes de baptêmes et de sépultures spécifient que les curés des deux Hirtzbach effectuaient ces cérémonies indifféremment à Sainte-Afre et à la paroisse Saint-Maurice.
Pendant la Guerre de Trente Ans, Georges Etterbach s'occupa de la paroisse Sainte-Afre de 1623 à 1626, suivi par Henri Mutz (1626-1632). Le curé Jean-Georges Sengelin, de 1669 à 1703, fut curé des deux paroisses, sans doute en raison de la pénurie de prêtres qui suivit la Guerre de Trente Ans.
Lors de la Révolution, pour camoufler les trésors artistiques de l'église, on badigeonna des statues en blanc, d'autres en bleu-blanc-rouge, tandis que le tabernacle fut recouvert de peinture noire pour cacher ses dorures. Ce subterfuge a permis de conserver les richesses baroques de ce sanctuaire.
Depuis la Révolution, l'église Sainte-Afre n'est plus une paroisse indépendante. On y célèbre encore chaque année sa sainte patronne. A noter que son second vocable est Saint Jean Népomucène. Son cimetière a subsisté jusqu'en 1903.
Sainte Afre
Le vocable de Sainte Afre a peut-être été implanté ici par les soldats romains. Le baptistère, à côté de la chapelle, est reconnu de haute antiquité par les historiens comme L. Pfleger et F.X. Kraus. L'emplacement sur un site archéologique préhistorique, puis occupé par les Romains notamment au 2e siècle, plaide pour cette origine.Sainte Afre, patronne d'Augsbourg, fut la sainte préférée de saint Ulrich, évêque de cette même ville. Parent des comtes de Ferrette, il aurait aussi pu influencer l'épanouissement du culte de cette sainte en Alsace.
Sainte Afre a vécu à Augsbourg, en Souabe. Elle était la fille d'un aubergiste dont l'établissement était plutôt mal famé. Elle y exerçait ses charmes de courtisane. L'évêque Narcisse, de Gérone en Espagne, vint y trouver refuge avec son diacre Félix, fuyant la persécution de Dioclétien. Afre les entendit prier dans leur chambre. Eclairée d'une lueur surnaturelle et touchée par la grâce, elle se fit baptiser avec sa mère Hilaria. Lors du martyre de Narcisse, Afre confessa sa foi au juge et fut condamnée à mourir par le feu avec sa mère, dans une île du Lech, près d'Augsbourg, le 7 août 303.
Patronne des prostituées et des filles repenties, on l'invoque aussi contre le feu et pour qu'elle intercède en faveur des âmes du purgatoire. La sainte est représentée le plus souvent liée à un arbre ou à un poteau sous lequel est allumé un bûcher. On la représente encore avec une bûche en flammes ou une pomme de pin, emblême des armoiries d'Augsbourg. A Hirtzbach, elle est représentée en cantinière, vivandière de l'armée romaine.
De grandes villes comme Augsbourg, Meissen en Saxe et l'abbaye de Neresheim, l'ont pour patronne. Un autel lui est consacré à Beromunster. Son culte est peu répandu dans l'Allemagne du sud et en Alsace où seules deux paroisses l'ont pour vocable : Riedisheim et Hirtzbach.
La chapelle
La chapelle a été restaurée à l'intérieur, de 1973 à 1976. Les vitraux furent refaits, les boiseries du choeur ainsi que toutes les statues restaurées, les anciennes stalles de la première église Saint-Maurice installées à Sainte-Afre et la chaire enlevée. Le lessivage du maître-autel, couvert d'un badigeon noir depuis la Révolution, fit apparaître un tabernacle entièrement doré.
Sur le maître-autel on admirera les statues de saint Joseph à droite du tabernacle, de saint Antoine à gauche, des anges et en haut un pélican. Sur la boiserie à l'arrière de l'autel, on a fixé les statues des quatre évangélistes autrefois sur la chaire, et les statues de saint Blaise avec le cierge, et de l'évêque saint Augustin avec la crosse.
La table de l'autel principal a dû également être réparée. Le bois vermoulu a été enlevé, ce qui permit la découverte dans les soubassements de l'autel en béton, d'une cavité abritant une boîte en étain contenant deux documents. Le premier signalait que l'autel avait été restauré dans sa partie maçonnée en 1909 par Alphonse Straumann, alors curé de Hirtzbach, sous le maire Sigismond de Reinach. Le deuxième document nous apprenait que le 3 octobre 1686, l'autel avait été consacré par Gaspar, évêque de Chrysopolis et suffragant de l'évêque de Bâle, sous le vocable de saint Wendelin. On y avait alors inséré des reliques de saint Victor, sainte Victorine et saint Agapet. L'évêque accordait selon l'usage une indulgence le jour de la consécration et lors de son anniversaire. Ces documents ont été remis dans l'autel après la fin de la restauration.
La croix qui se trouvait à l'origine à l'entrée du choeur, a été suspendue dans la nef, et l'ange musicien initialement sur la chaire a été fixé à la tribune, à l'arrière de la chapelle. Deux tableaux représentant sainte Cécile jouant de la musique et sainte Madeleine avec un crâne ornent un mur de la nef.
Sur l'autel latéral gauche, on ne manquera pas de voir la Pieta qui remonte à la fin du XVe siècle. Haute de 73 cm, pour 48 cm de large et 20 de profondeur, elle est en bois de tilleul. La Vierge, assise, au regard douloureux, tient le Christ sur ses genoux. Ce dernier, dont les pieds reposent sur le sol, tourne la tête vers les fidèles. Son bras droit pend le long du genou de la Vierge qui le tient au périzonium et sous la tête. Le corps du Christ, relativement petit par rapport à celui de sa mère, est musclé et porte la marque des cinq plaies. Cette Pieta est proche, par la composition, de celle de Habsheim, à quelques détails près, comme les plis plus profondément creusés. Elle pourrait provenir du même atelier que le Mont des Oliviers à Balschwiller.
En 1987, après les travaux de restauration intérieur, la chapelle Sainte-Afre a été entièrement refaite à l'extérieur, la toiture changée, le crépi remplacé et l'oeil-de-boeuf du choeur réouvert. On remarquera au-dessus de la porte et sur la façade latérale gauche de la nef, des sculptures représentant une rose des vents, laissées apparentes.
A côté de la chapelle s'élève une croix érigée au début du XVIIIe siècle et sans doute refaite, vu sa forme et la mauvaise qualité de la pierre employée, au début du XIXe siècle. Elle portait un Christ et, en bas sur le fût, les armoiries des familles de Reinach de Sickingen.