L’historique
Un coup de poing du paléolithique inférieur (600 000 ans avant J.C.) a été découvert sur le ban de Hirtzbach ainsi que de l'outillage néolithique qui permettrait de conclure à un site d'habitat.
Hirtzbach formait sans doute un avant-poste sur la route gallo-romaine venant de Larga. Des tronçons de la voie romaine ont été mis à jour dans la partie de forêt "Engersche".
Des observations ponctuelles ont également permis la découverte de structures gallo-romaines au "Landfürstenweyer" et à la "Granzala".
Du Moyen-Age à la Révolution
Le nom de Hirtzbach apparaît en 1274, la localité est alors divisée en Niederdorf autour de l'église Saint-Maurice et Oberdorf avec l'église Sainte-Afre, sur la "Montagne". Elle appartenait, avec Henflingen et Bettendorf, à la mairie de Bettendorf et à la seigneurie d'Altkirch. A 3 km de là se trouvait le village aujourd'hui disparu, de Saint-Léger avec son église.
En 1274, les comtes de Ferrette donnent le village en fief à Henri de Hirtzbach, membre d'une famille de ministériaux des Ferrette. Les ministériaux étaient des serviteurs, non libres, de seigneurs. En contre partie de leur travail, ils recevaient le droit de possession. La famille de Hirtzbach est attestée de 1274 à 1477. Venant d'Altkirch, elle s'installa au château de la "Wandelbourg", élevé sur une motte, à la fin du 13e siècle ou au début du 14e, au sud du village, non loin de la chapelle Sainte-Afre. Un dépôt de monnaies découvert en 1866, près du château, confirme son occupation aux 14e et 15e siècles. Il a sans doute été détruit en 1446 par les Mulhousiens et les Confédérés suisses en guerre contre la noblesse autrichienne.
En 1333, Hirtzbach devient fief des descendants des Eptingen du Blochmont. La localité est durement éprouvée par les guerres en 1376 ET 1446. En 1441, dans le "Lieber Marcarum", il est noté que l'église Saint-Maurice a un recteur et un vicaire, de même que l'église Sainte-Afre. L'église Saint-Léger n'a qu'un vicaire, l'abbaye de l'Oelenberg faisant office de recteur.
Au 15e siècle, un autre château à proximité du château actuel, voire confondu avec lui, est évoqué à Hirtzbach comme étant un fief autrichien détenu par les Hack de Schweighausen. C'est Cunemann Hack qui l'a reçu de l'archiduc Léopold en même temps que les fiefs de de Schweighausen, Ennweiler et Michelbach. En 1443, cette "Wasserburg", c'est-à-dire un château de plaine entouré de fossés plein d'eau, fut vendue par Marguerite de Schweighausen à Thiébaut de Tavannes (Taxfelden) pour 700 florins. Passé aux nobles de Grandvillars, il échut par héritage à Jean de Schneeberg qui le vendit en 1577 à Jean Béat Grass de Vay pour 3000 florins. Par mariage, le fief passa à la famille de Reinach.
La Guerre de Trente Ans dépeupla sérieusement le village. Le château fut reconstruit fin 17e et 18e, pour devenir l'édifice que l'on voit toujours à côté de l'église Saint-Maurice. Pillé lors de la Révolution, il a été restauré en 1804.
Les 19e et 20e siècles
Lors des guerres napoléoniennes, une unité de cosaques austro-hongrois passa l'hiver 1813-14 dans le village.
En 1870, à l'approche de l'ennemi, la population se réfugia dans la forêt.
En 1891, la ligne de chemin de fer Altkirch-Ferrette est construite et dessert Hirtzbach. Malheureusement elle a été fermée à la circulation des voyageurs en 1951 et à celle des marchandises en 1968.
Le 19e siècle a également vu les premiers forages à la recherche de pétrole. Des sables pétrolifères et des suintements d'huile étaient connus depuis le 15e siècle, en amont du village, dans la vallée de l'Oelbach. En 1782, puis de 1817 à 1820, on a cherché à exploiter ces bitumes comme à Pechelbronn. La pierre extraite était un grès noirâtre qui, par ébullition dans l'eau, donnait du pétrole. Mais les quantités étaient peu abondantes. Vers 1880-90, on implanta de nouveaux forages. Mais à part des traces de bitume et un jaillissement d'huile pendant un quart d'heure, aucun gisement important n'a été décelé.
Lors de la Première Guerre mondiale, l'armée française arriva à Hirtzbach le 7 août 1914. Mais après le mois de septembre, le front se stabilisa à quelques centaines de mètres du centre du village qui resta aux mains des Allemands. Le 4 décembre 1914, un engagement près du "Landfürstenweiher" fit 44 morts dont 11 soldats français du 372 RI. La population fut évacuée le 15 décembre 1915, essentiellement vers le Wurtemberg. Le bilan de cette guerre fut de 35 morts dans le village dont 2 civils.
Charles Zumstein, le célèbre poète sundgauvien, chercha aussi du pétrole à Hirtzbach, lors de séjours au château des Reinach, accompagné du garde-chasse Xavier Froesch. On l'entendait s'exclamer "Petrol kummt", mais il ne trouva rien. En 1928, la Société Alsacienne de Recherches Minières reprenait l'étude systématique du sous-sol de Hirtzbach. Mais l'extraction par pompages s'avéra inintéressante. En 1935, la Société Pechelbronn SAEM recommença les recherches jusqu'en 1938, mais la déception fut totale. En 1954, la Société PREPA implantait le sondage H 101 qui atteint une profondeur de 737m, mais se révéla stérile.
La Seconde Guerre mondiale causa peu de dégâts dans la localité, mis à part la destruction de deux ponts, sur l'Ill et à la hauteur de la RD 25 vers Hirsingue, ainsi que quelques maisons touchées par des tirs d'artillerie au moment de la libération le 2 novembre 1944. Par contre, la population fut déportée massivement en février et mars 1943 (22 familles transférées dans le Wurtemberg et en Saxe) et les jeunes enrôlés dans le R.A.D. (Reichsarbeitsdienst) ou la Wehrmacht (17 d'entre eux ne revinrent plus).