Moulins
Comme la plupart des communes du Sundgau, Hirtzbach a connu à travers les siècles plusieurs moulins. Les guerres, les invasions, bien des vicissitudes ou encore ce qu'on appelle le progrès, en ont fait disparaître beaucoup ou changé leur destination.
Le moulin à grain
Le moulin à grain le plus ancien à Hirtzbach, était situé à l'emplacement de l'actuelle scierie à laquelle il a fait place en raison des destructions de la guerre de 1914-18. Il était actionné par une roue à aubes alimentée par le Muhlebach, bief qui prend ses eaux du Hirtzbach par un système d'écluses et peut remplir un réservoir. Actuellement, cette roue est conservée dans un bâtiment restauré situé à l’arrière de la résidence « Le Clos du Moulin ». La famille de Reinach a, en effet, vendu la propriété de la « Scierie » à la commune qui s’est engagée à restaurer ce qui restait de l’ancien bâtiment, notamment pour y conserver cette roue à aubes, témoin du passé.
Cette roue permettait de faire fonctionner une scie circulaire et des machines dans ce qui constituait l'atelier de menuiserie. Les eaux restituées à l'aval ont servi, par un système d'écluses, à faire fonctionner pendant un peu plus d'un siècle, le moulin à huile.
On ne connaît pas l'origine la plus lointaine du moulin à grain. Dans les archives de la famille de Reinach, il est mentionné pour la première fois en 1593 au sujet de la constitution d'une rente portant 800 livres bâloises de capital passée par Jean Heitzmann, meunier de Hirtzbach, au profit de Jean Béat Grass dit Vay. En 1609, un certain Pierre Hartmann avait eu l'intention d'aménager un étang en amont du Muhlebach ; Jean Béat Grass dut s'y opposer en raison des multiples inconvénients qui en résulteraient. En 1691, le meunier se voyait dispensé de corvées personnelles par l'Intendant d'Alsace en raison des services militaires de ses maîtres, les barons Joseph-François de Reinach qui reconstruira le château, et Jean-Baptiste de Reinach, coadjuteur et frère du prince-évèque de Bâle. Au cours des années 1725 à 1736, d'importants travaux de réparation et de construction furent effectués au moulin. Les archives contiennent de multiples baux passés avec les meuniers de 1682 à 1795.
En 1808, Antoine de Reinach loue pour 9 ans le moulin aux Hartmann père et fils.
En 1818, on voit mentionné Probst comme meunier.
En 1846, il est encore fait état de travaux de réparation, en particulier à la grange. Le meunier disposait en effet, jusqu'à la guerre de 1914, d'une écurie et d'une porcherie, qui subsistent encore, ayant en annexe une petite exploitation agricole.
La guerre de 1914-18 causa la destruction de tout l'appareillage du moulin à grain. Sigismond de Reinach tirant partie de la force hydraulique fit aménager entre les deux guerres, une scie horizontale capable de trancher les grumes mitraillées des forêts et d'en tirer du bois d'œuvre. Ce travail fut confié à Alfred Bruat puis à Armand Pflieger. En 1952, la Socolest installa une nouvelle scierie mue électriquement. Un accident technique causé par un intérimaire rendit l'installation inutilisable. La Socolest ayant fait faillite, l'entreprise artisanale cessa de fonctionner.
Le moulin à huile
Un moulin à huile existait à l'emplacement du bâtiment de l’ancienne fonderie AMINA et s'étendait sur une partie des terrains de la famille J.P. Bruat. Il comprenait la belle maison située en bordure de la rue, aujourd’hui transformée en résidence. Le moulin à huile proprement dit était juste à côté et fut détruit pendant la guerre 1914-18. En arrière se trouvaient un vaste bâtiment servant de grange et d'écurie et une porcherie qui ont fait place aux ateliers d'Amina.
Construit par le sieur Habermacher à la fin du 18e siècle, le moulin fit l'objet de réclamations de la part d'Antoine de Reinach auprès du sous-préfet en raison du détournement des eaux venant du moulin à grain. Il en résulta un procès qui se prolongea jusqu'en 1824.
Entre temps, Habermacher étant décédé sans laisser d'héritiers directs, mais des dettes, Charles de Reinach racheta aux cohéritiers et créanciers le moulin avec maison et dépendances, en 1818.
Il y installa pour en jouir jusqu'à la fin de ses jours, Jacob Heitz auquel il devait une immense dette de reconnaissance pour l'avoir sauvé alors qu'il était grièvement blessé lors de la campagne de Russie. Heitz décéda à l'huilerie le 17 janvier 1855, à l'âge de 78 ans, ayant accompli 46 ans et 3 mois de services militaires, participé à 18 campagnes et été blessé 5 fois, comme le relate sa pierre tombale ornée de la Légion d'honneur au cimetière local.
Lui succéda la famille des gardes-chasses Froesch, en la personne de Joseph Froesch, puis de son fils Xavier (qui tua encore un loup en 1908) et de sa nombreuse descendance, jusqu'à l'époque récente où tout ce domaine fut morcelé et vendu pour faire place à Amina et à d'autres propriétaires.